Présentation

Yôko HIGASHI

 

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Danseuse, compositrice et musicienne, Yôko Higashi (Higashi Yōko) débute sur la scène à Tokyo, puis à Lyon après avoir expérimenté différentes expressions corporelles et musicales. Elle est particulièrement inspirée par les univers sonores cinématographiques. En 2003, elle débute un travail de recherche, en tant que chorégraphe – danseuse, en collaboration avec divers musiciens notamment avec le compositeur Lionel Marchetti. Compositrice, elle a réalisé des musiques de documentaires en collaboration avec Yves Montmayeur. En juin et novembre 2018, elle a monté deux spectacles de danse-musique au théâtre Claude Levi-Strauss du musée du Quai Branly pour l'exposition "Enfers et fantômes d'Asie" en collaboration avec le cinéaste Bertrand Mandico. Elle a réalisé pour l’exposition « Ultime Combat » de nouveau au musée du Quai Branly, une performance scénique mélangeant l'art de Taté (action chorégraphiée de sabre avec la base de travail de kenjutsu).

Pour le nouvel an lunaire de l’ENS de Lyon, Yôko Higashi proposera une performance inspirée par des figures de femmes combattantes dans le cinéma de yakuza ou de "guerrières" des années 60-70 (Lady Snowblood, La pivoine rouge...). Elle y mêlera musique, chant live et mouvements de Taté.

 

Photo : Stéphane du Mesnildot

Générique d'introduction de Yves Montmayeur accompagné de Matthieu Brunel, collages de FanXoa (photographiés par Vincent Brault, ENS Média).

 

Tigre et Dragon

 

Qui en Chine n’a pas rêvé de wuxia, ces arts martiaux traditionnels dont les adeptes incarnent l’honneur et la droiture et manifestent des qualités exceptionnelles ? Comme le formule Sima Qian (145-86 av. J.-C.), célèbre lettré chinois de la dynastie Han, ce sont gens qui « réalisent toujours leurs promesses, ne sont pas avares de leur personne, accourent vers les victimes du sort et de l’adversité, ne se vantent pas de leur art, n’éprouvent que honte à faire valoir leur vertu : il n’en faut pas plus pour faire leur éloge ». Le kung fu leur permet par la même occasion de défier les figures de puissance et d’autorité, tout en cherchant l’amour avec hardiesse et liberté tout au long de leur vie. Depuis les années 1920 pourtant, nombre de romans et de films de sabre représentent des personnages qui, censément libres et sans attaches, se retrouvent finalement pris au piège de leurs sentiments, tantôt voyant leurs grands idéaux entrer en conflit avec les réalités sociales et politiques en un vain affrontement, tantôt sentant leur échapper l’amour qui les pousse à la tragédie.

C’est une de ces histoires d’arts martiaux que narre Tigre et Dragon. Le film est adapté d’un roman des années 1940 de Wang Dulu et a été réalisé par le cinéaste taïwanais Ang Lee en 2000. L’histoire se déroule dans la Chine de la dynastie des Qing (1644-1912), où Li Mubai, un virtuose des arts martiaux, décide de se retirer au jianghu (les fleuves et rivières, le monde des combattant·es de wuxia) et confie son épée légendaire à Yu Xiulian afin qu’elle la fasse parvenir à Pékin. L’amitié entre Li Mubai et Yu Xiulian est longue de plusieurs années ; en réalité, les deux protagonistes se portent un amour secret, inavouable par ce que Yu Xiulian était fiancée d’un compagnon défunt de Li Mubai. L’épée est envoyée à Pékin, mais elle est volée le soir même par Yu Jiaolong, surnommée Xiaolong (Petit Dragon). Jeune femme de noble lignée, Yu Jiaolong cache en réalité des talents de combattante martiale – son ascendance aristocratique masque sa vraie soif intérieure de liberté. Elle est destinée par son père, un haut fonctionnaire de Pékin, à épouser le fils d’un autre bureaucrate, mais le jour de son mariage, c’est son ancien amant qu’elle retrouve, Luo Xiaohu (Petit Tigre), arrivé à Pékin depuis le lointain Xinjiang. Les deux couples de cette histoire, Li Mubai et Yu Xiulian, Yu Jiaolong et Luo Xiaohu, illustrent des relations amoureuses bien différentes, qui pourtant vont au-devant d’un même destin construit par les fils enchevêtrés de la morale, du sentiment et du désir.

Les histoires de cape et d’épée constituent un genre important dans le cinéma comme dans la littérature chinoises du XXe siècle, un genre qui fait honneur à des valeurs morales telles que la piété filiale envers les parents et les maîtres, la droiture envers les amis ou la fidélité à son partenaire, une fidélité douce et délicate mais puissante à la fois. Tigre et Dragon est l’un des premiers films à porter ces sujets jusque sur les écrans occidentaux. Le propos du film est ainsi construit à destination d’un public étranger, bien qu’il soit extrait directement des traditionnelles histoires de sabre en Chine. Les paysages du récit font honneur au jianghu et correspondent en même temps aux décors emblématiques de la Chine dans l’imaginaire collectif. En cette nouvelle année du Tigre, l’Institut d’Asie Orientale vous emmène dans le monde du wuxia et de ses artistes, hommes comme femmes !

Zhang Xinyuan, Norbert Danysz

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